morsures
création 2021-2024 seule en scène
Note d’intention
La majorité de mes certitudes politiques, théoriques et artistiques sont en miettes. Dans un monde écrasé par la culture patriarcale, les valeurs viriles de maîtrise et d’objectivation du monde tendent à nous faire bien fonctionner au lieu de vivre. Et ma question est : Comment continuer à tisser de la joie dans un monde abîmé ? Que peut-on encore faire quand tout a été détruit (l’environnement, le lien social, les Mythes et les Rêves, les grandes théories, le politique, les images, etc) ? Comment ne pas sombrer dans le cynisme? En quoi croire encore ?
En partant de ma propre histoire, de mes questions autour de la maternité, de l’amour, de ce que peut le théâtre ainsi que d’autrices qui m’importent, je cherche à raconter une histoire qui exprime en elle-même les contradictions avec lesquelles nous devons vivre, la joie et la cruauté, la beauté et la défaite, la foi et l’absurde. Je souhaite incarner des tentatives pour rester vivante, une subjectivité singulière. Sans rien résoudre, mais en composant avec le trouble, élément constitutif de notre époque.
Morsures c’est aussi la question de la prise sur le monde, du dedans qui attrape le dehors, qui le saisit, qui bave dessus, qui marque, qui dépose une trace, sa trace de dents. Mais la prise n’est que partielle. Attraper le monde (pour ne pas dire « changer le monde »), si on a un objectif de maîtrise, ne peut qu’échouer. Mange tes dents. Mais ce que je peux faire, par contre, c’est persévérer. C’est essayer encore, c’est me remettre à l’ouvrage, lâcher un fil pour en tirer un autre, ne pas céder aux démons, accepter la pénombre, continuer d’avancer, à pas de louve, sans savoir exactement où je vais. C’est ça que fait le vivant en temps d’extinction de masse (on devrait plutôt dire de massacre organisé) : non seulement il se défend mais il se réinvente.
Et c’est ça qu’on fait au théâtre : on poursuit son œuvre, on se remet sur les planches, on tâtonne, on sent là où c’est vivant, on n’a aucune certitude si ce n’est celle de vouloir y retourner encore, alors c’est ça que je peux faire, je peux faire morsures, c’est la seule foi qu’il me reste – et une grande joie.
Synopsis
A travers une mosaïque de voix, de corps, de récits, une femme seule en scène rassemble les matières hétérogènes qui la composent. Elle explore la puissance et les failles, ce qui tient et ce qui lâche, et la beauté des zones troubles. On y croise le chant des baleines à bosses, Titanic et les jeux de ficelles de Donna Haraway.
Le jeu clownesque, la danse et la poésie tissent ensemble une « histoire-panier » (Ursula Le Guin), la pop côtoie la prière, et la joie n’est jamais loin de l’absurde.
Une création intimiste et généreuse entre théâtre, clown et danse. Pour la salle ou la rue.
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Équipe
Conception, écriture et jeu : Pascale Guirimand
Mise en scène : Alain Bourderon
Accompagnement chorégraphique : Elia Dujardin, cie Lily Kamikaz; Iuri Martin-Cabétich
Échanges dramaturgiques : Léa Arson, cie Le Double des clefs
Regards et étapes de travail avec Géraldine Doat (Cie Les Fées rosses), Mathilde Bessin (Les eaux fortes), Mickaël Crampon (L’Involontaire), Jennyfer Muller.